Les choses bougent vite à l'Assemblée nationale depuis la rentrée parlementaire. Tout d'abord, les députés se sont chicanés sur l'élection du nouveau Président de l'Assemblée. L'ADQ et le PQ ont joué un tour aux libéraux et ont fait élire un député péquiste, François Gendron, en tant que Président. Depuis, les libéraux crient au scandale. Bien qu'il soit déplorable que le tandem ADQ-PQ ait nommé M. Gendron à la dernière minute et qu'ils l'aient fait sans discuter avec le Parti libéral auparavant, il est tout à fait dans leur droit d'élire le Président de l'Assemblée Nationale.
Par ailleurs, les députés ont adopté à l'unanimité une motion de l'ADQ qui demande "un plan d'action pour contrer le ralentissement économique" qui doit "stimuler la consommation des ménages" et "préserver le pouvoir d'achat de la classe moyenne." Gilles Taillon, porte-parole de l'ADQ en matière de finances, a dit qu'il fallait réduire la TVQ sur certains produits et geler certains tarifs, dont l'hydroélectricité. Le PQ a aussi affirmé que le règlement de la crise financière était une priorité. Quant aux libéraux, ils ont affirmé qu'ils travaillaient là-dessus et que des mesures seraient mises en place la semaine prochaine, mais ils ne les ont pas détaillées.
J'aimerais à cet égard critiquer l'ADQ. La demande de Gilles Taillon de geler des tarifs est complètement contradictoire avec ce que le parti préconisait lors de la dernière campagne électorale. L'ADQ critiquait ainsi libéraux et péquistes:
"par le passé, autant les libéraux que les péquistes ont favorisé le gel des tarifs plutôt que l’ajustement graduel au rythme de l’inflation, laissant présager pour l’avenir une série de chocs tarifaires, brusques et imprévisibles pour la classe moyenne" (http://www.adq.qc.ca/index.php?id=878)
L'ADQ se prononçait carrément en opposition au gel des tarifs:
"utilisateur-payeur : une véritable politique de prix et de tarification permet une consommation plus éclairée et réduit le gaspillage des ressources et du patrimoine collectif."(http://www.adq.qc.ca/index.php?id=878)
Enfin, le programme de l'ADQ mentionnait directement l'hydro-électricité. Il critiquait les administrations précédentes :
"Saviez-vous que : Les tarifs d’Hydro-Québec ont été gelés de 1998 à 2003?" (http://www.adq.qc.ca/fileadmin/General/adq_fichiers_pdf/adq_programme_f.pdf, p. 26)
puis proposait sa propre solution:
"ÉTABLIR UNE POLITIQUE CLAIRE DE TARIFICATION. Afin
d’éviter les effets pervers des gels de tarifs des régimes
péquistes et les chocs tarifaires du régime libéral, l’ADQ
énoncera une politique claire de tarification. Afin d’éviter
toute hausse brusque et déraisonnable, l’ADQ rendra
publics et prévisibles sur une période de 5 ans les tarifs
d’électricité, les primes d’assurance automobile du Québec,
les droits de scolarité ainsi que les frais de garde subventionnée." (http://www.adq.qc.ca/fileadmin/General/adq_fichiers_pdf/adq_programme_f.pdf p. 27)
Les actions de l'ADQ à cet égard sont étranges. Elles soulèvent évidemment des questions éthiques, sur le rôle que doit jouer un parti une fois élu. Il semble que ce parti devrait défendre ce qu'il y avait dans sa propre plate-forme. Je trouve toutefois encore plus étrange que l'ADQ abandonne ce credo. Mario Dumont parvenait à se distinguer de ses adversaires par son côté plus à droite, par son côté très libéral (au sens philo-politique du terme). Il est probable que les stratèges adéquistes aient conclus que les Canadiens (incluant les Québécois) n'aimaient pas les hausses de tarifs pendant les crises financières après avoir vu la défaite historique de Stéphane Dion et du PLC le 14 octobre. Ils essaient probablement de ramer à contre-courant pour y faire des gains. Toutefois, cette "avancée" au niveau de la politique partisane se traduit par une compromission de l'argumentaire adéquiste et un recul au niveau de la démocratie (car les citoyens qui ont voté pour l'ADQ n'ont pas eu ce à quoi ils devaient s'attendre).
On peut s'attendre à une atmosphère tendue à l'Assemblée Nationale, en prévision d'un scrutin rapproché. On peut aussi s'attendre à des déclarations emportées, notamment sur la question de la crise financière, qui devrait nous occuper beaucoup dans les jours à venir.
jeudi 23 octobre 2008
mercredi 22 octobre 2008
Course au leadership au sein du PLC
Bonjour,
la présente a pour objet de vous faire connaître mon désir de suivre avec attention la course au leadership du parti Libéral du Canada. Je n'ai pas de lien avec ce parti : je considère donc être capable de faire une analyse critique et constructive de la course qui s'en vient, tout en demeurant neutre dans mes commentaires.
la présente a pour objet de vous faire connaître mon désir de suivre avec attention la course au leadership du parti Libéral du Canada. Je n'ai pas de lien avec ce parti : je considère donc être capable de faire une analyse critique et constructive de la course qui s'en vient, tout en demeurant neutre dans mes commentaires.
jeudi 16 octobre 2008
Élections fédérales 2008
La démocratie a comme objectif de refléter le désir des électeurs. Il en résulte une attente envers la démocratie, soit que les votes se transforment en sièges. Un des problèmes, au Canada, est le mode de scrutin majoritaire uninominal, qui transforme grandement ces résultats.
Faisons donc une petite analyse quantitatives des résultats électoraux. Il consiste ici à calculer l'étendue de la distorsion électorale lors de cette élection. Voici le tableau comparatif:
% vote | Sièges | % sièges | distorsion électorale | ||
Cons | 37,63 | 143,00 | 46,43 | 8,80 | |
Libs | 26,24 | 76,00 | 24,68 | -1,56 | |
Bloc | 9,97 | 50,00 | 16,23 | 6,26 | |
NPD | 18,20 | 37,00 | 12,01 | -6,19 | |
Green | 6,80 | 0,00 | 0,00 | -6,80 |
La distorsion électorale est causée par notre mode de scrutin. Sans entrer dans les détails, ce mode de scrutin cause des situations aberrantes. Il mène en fait 308 élections simultanée dans chaque comté canadien, au lieu de considérer l'élection comme étant un phénomène national. Ceci fait que si un parti A obtenait 55% du vote dans tous les comtés et un parti B 45% du vote dans tous les comtés, le parti A aurait tous les sièges de la Chambres des Communes, alors que le parti B n,en aurait aucun, même s'il a obtenu l'appui de 45% de la population . On pourrait même imaginer un parti A à 40%, un parti B à 30% et un parti C à 30%, répartis également dans tous les comtés. Le parti A obtiendrait tous les sièges avec 40% du vote, et 60% des électeurs ne seraient pas représentés.
La distorsion électorale est donc l'inégalité qui existe entre le score réel d'un parti en terme de vote et son pourcentage de sièges obtenus. Plus haut, dans le tableau, on voit les résultats du vote, le nombre de sièges obtenus en chiffre et en pourcentage, avec, à la fin, la différence entre le pourcentage de siège et le pourcentage du vote.
Le résultat est donc le suivant: Les conservateurs ont gagné 8,80 % des sièges de la Chambre des Communes grâce au mode de scrutin, et le Bloc a gagné 6,26% de ces sièges pour la même raison. Cela revient à dire que 15,6% des sièges de la Chambre des Communes (soit 48 sièges) ont été accordé à ces deux partis non pas à cause du vote populaire, mais grâce au mode de scrutin majoritaire uninominal. Évidemment, ces sièges ont été puisés à même les sièges qui auraient dû revenir aux Verts, qui ont obtenu 6,80% moins de sièges que de vote, au NPD, qui a obtenu 6,19% moins de sièges que de vote et aux Libéraux, qui ont obtenu 1,56% moins de sièges que de votes.
Je vais par ailleurs prendre l'opportunité d'imaginer ce qu'aurait été le Parlement après l'élection si les votes se transformaient en sièges, sans qu'il n'y ait distorsion.
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Comparaison entre le Scrutin majoritaire uninominal (FPTP) et le proportionnel



Notes techniques: Les plus malins auront remarqué que j'ai évalué la distorsion électorale à partir de ceux qui profitent de la distorsion électorale. Ils auront remarqué que le total de ceux qui sont pénalisés par celle-ci n'est pas le même. C'est normal. Les chiffres officiels que l'on peut obtenir facilement montrent la totalité de ceux qui profitent de la distorsion électorale, mais pas de ceux qui sont pénalisés par celle-ci. Cela est dû, la plupart du temps, au fait que plusieurs candidats indépendants et des petits partis sont pénalisés par celle-ci. Comme les chiffres ne montrent pas le score national du parti néo-rhino, du parti communiste, des indépendants, etc., il est impossible de calculer la distorsion des "pénalisés" à partir des chiffres. Je préfère donc la calculer à partir des "avantagés".
Les plus malins auront aussi remarqué que mon calcul final donne 304 sièges dans le schéma proportionnel, et pas 308. Encore une fois, c'est que les pourcentages employés dans le calcul sont ceux des cinq principaux partis. Il en résulte un manque à gagner en ce qui concerne un petit pourcentage du vote (équivalent à 4 sièges sur 308).
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