mardi 9 décembre 2008

Réponses aux questions d'hier

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Réponses aux questions d’hier

1. Le Parti libéral du Québec sera-t-il majoritaire ou minoritaire?
Il est majoritaire. Jean Charest est donc parvenu à atteindre son objectif. Il a par ailleurs remporté un troisième mandat consécutif, ce qui ne s’était pas vu au Québec depuis Duplessis. Toutefois, il s’agit d’une courte majorité. Le parti libéral devra faire attention à tous ses députés et s’assurer qu’ils soient toujours présents en Chambre pour être certain de remporter tous ses votes. Quelques démissions par-ci, un Président de l’Assemblée par là, et le statut majoritaire du gouvernement pourrait être mis en péril. Toutefois, il est aussi possible que le parti libéral tente de voler des députés à l’ADQ, comme cela a été fait auparavant.

2. Combien de pourcentage de votes aura le parti québécois?

Grosse surprise ici, le parti québécois ayant obtenu 36% des votes. Le parti québécois a donc renversé la vapeur et la tendance lourde dont je parlais dans la note précédente. Ce score avantageux est étrange parce que les sondages ne le prédisaient pas et parce que le taux d’abstention a été très élevé. Habituellement, un tel taux pénalise le Parti Québécois. Certains analystes affirment que ce qui se déroule à Ottawa et la menace du gouvernement Charest majoritaire aurait fait gonfler le vote péquiste.
Cela dit, Mme Marois est bien en selle au PQ. Peu de gens pourront remettre en doute son leadership, maintenant qu’elle a ramené le PQ à l’opposition officielle, fait mentir les sondages et la chute péquiste qui durait depuis 15 ans, et fait entrer à l’Assemblée nationale une équipe forte (Bernard Drainville, Pierre Curzi, Scott Mackay, Lisette Lapointe, Louise Beaudoin, Marie Malavoy…et j’en oublie sûrement).

3. Combien de sièges aura l’ADQ?

L’ADQ a eu 7 sièges, dont plus que ce que la plupart des analystes prédisait. Je crois que c’est normal, car les adéquistes avaient maintenant l’avantage d’avoir des députés en place, qui avaient un bureau de comté et une équipe locale. Malgré tout, la chute fait mal. Suite à celle-ci, Mario Dumont a décidé de quitter son poste de chef de l’ADQ, coupant ainsi le suspense.

Je crois qu’il s’agit d’une bonne décision. L’ADQ, face au PQ et au PLQ, avait un problème. Son identité restait intimement liée à celle de Mario Dumont. Par conséquent, l’ADQ était à mi-chemin entre le parti et le véhicule d’un seul homme. Si la course à la chefferie de l’ADQ se déroule bien, le parti s’en trouvera grandi. On y verra de nouvelles personnes, de nouvelles têtes d’affiche, qui prendront la relève. L’ADQ commencera alors à avoir une existence indépendante de celle de son chef. L’ADQ pourra alors subit un processus d’institutionnalisation et devenir un parti à part entière.

4. De combien sera la distorsion électorale?

Pour mieux comprendre le propos, je vous invite à lire une note précédente : « Distorsion électorale lors des élections canadiennes de 2008 ».
La distorsion électorale totale est de 16,6%. On peut parvenir à ce calcul en comparant le pourcentage de votes reçus par les partis gagnants et le pourcentage de siège reçus par les partis gagnants. Voici le tableau comparatif.





En additionnant le pourcentage de distorsion des partis gagnants, on parvient donc à 16,6%. Profitons de l’occasion pour estimer quel aurait été le résultat dans une élection proportionnelle. Comme, dans une élection proportionnelle, les partis recueillant moins de 3% ne sont pas représentés, j’exclue ici le Parti Vert du calcul.



On voit donc assez clairement que les libéraux n’auraient pas été majoritaires sans leur bonne amie la distorsion électorale. Par ailleurs, les péquistes auraient 7 sièges de moins. Je voudrais par ailleurs souligner qu’hier soir, Mme Marois a cité René Lévesque et a dit qu’elle souhaitait suivre dans sa voie, celle de la démocratie. Je veux donc rappeler à Mme Marois que M. Lévesque était en faveur du scrutin proportionnel. Je l’invite donc à militer en faveur de celui-ci aussi, si elle veut vraiment s’inspirer de M. Lévesque. De plus, l’ADQ aurait un score beaucoup plus élevé, tout comme Québec Solidaire. En fait, dans un tel contexte, l’ADQ aurait la balance du pouvoir, alors qu’avec le mode de scrutin actuel, l’ADQ n’a même pas le statut de parti officiel.

Les graphiques illustrent clairement que le parti libéral de Jean Charest serait en fait minoritaire si nous avions adopté le mode de scrutin proportionnel.





5. Combien de pourcentage de votes récolteront les partis souverainistes marginaux?

Il m’est pour l’instant impossible de répondre convenablement à cette question, car les résultats officiels ne sont pas encore sur le site du directeur général des élections du Québec (DGEQ). Pour bien y répondre, il faudra patiemment compiler les résultats dans chacun des comtés. Toutefois, on sait déjà que Laurier-Dorion a été gagné par les libéraux car les souverainistes ont divisé leurs voix entre le PQ et QS (si, bien sûr, on accepte l’hypothèse selon laquelle les votes de l’un seraient nécessairement allés à l’autre en l’absence de l’autre, ce qui est discutable).
Néanmoins, on peut déjà regarder le résultat de ces petits partis au niveau national. Ce résultat est décevant. Le Parti république du Québec et le parti Indépendantiste ont tous les deux fait moins de 1%. Le vote total des partis souverainistes marginaux reste donc aux alentours de 4%. Ils ne sont toujours pas une grosse menace pour le PQ.

Après avoir épluché les pages de résultats de chacune des circonscriptions sur le site du DGEQ, on peut affirmer que seules 2 circonscriptions sont passées aux mains des fédéralistes, à cause de la division du vote souverainiste. Dubuc (9703 vs. 9272+708) et Laurier-Dorion (9769 vs. 7701+2963). Il s’agit donc d’un phénomène localisé, qui pourrait toutefois prendre de l’expansion, si le parti québécois n’y veille pas.

Deux bémols, toutefois. La recherche n’était pas excellente, car j’ai dû éplucher les pages une à une et effectuer des calculs mentaux, donc, possiblement erronés. Une meilleure recherche pourrait être effectuée à partir des bases de données qui seront disponibles plus tard. Second bémol : Il n’est aucunement certain que les votes se divisent ainsi. Peut-être que les partisans de QS auraient annulé leur vote ou se seraient abstenu, si QS n’avait pas été là. Il faut aussi prendre en compte ce facteur. Les partis ne sont pas interchangeables.

6. Combien de votes aura le Parti vert du Québec?

Le parti vert a eu moins de 2 pour cent des votes. Plusieurs questions se posent. En premier lieu, le nouveau chef du parti vert, Guy Rainville, est-il compétent? Ensuite, est-il toujours pertinent pour les verts de se distancer de Québec Solidaire, qui les a pris de vitesse lors de l’élection? Guy Rainville a tenté d’excuser la faible performance de son parti en affirmant que le parti n’avait que 88 candidats, et qu’il était donc normal qu’il ait un score moins élevé qu’en 2007. N’avoir que 88 candidats pour un parti qui s’insère dans une mouvance mondiale, quand l’environnement est une priorité, est un problème en soi. Ce n’est pas une explication valable pour justifier un piètre résultat, c’est un symptôme des problèmes du PVQ.

7. QS réussira-t-il à faire élire un ou deux porte-parole?

QS a réussi à faire élire l’un de ses deux porte-parole, Amir Khadir. QS devrait donc pouvoir mieux porter de l’avant son message qu’auparavant. Néanmoins, une question se pose : qu’adviendra-t-il de madame David, qui n’a pas réussi à se faire élire dans Gouin? Seul l’avenir nous le dira.

jeudi 4 décembre 2008

Réfutation des arguments conservateurs

Réfutation des arguments conservateurs

Je voudrais prendre un peu de temps, aujourd’hui, pour réfuter les arguments que les conservateurs avancent par rapport à la formation de la coalition. Alors, sans plus tarder :

L’argument démocratique

Les conservateurs ont avancé l’argument démocratique pour affirmer que leur gouvernement est légitime et que la coalition, elle, ne l’est pas. Avant de répondre à cet argument, il faut tout d’abord considérer que le débat peut se jouer sur deux scènes. L’une de ces scènes est la scène du suffrage démocratique, tandis que l’autre scène est celle de la loi électorale.

Au niveau du suffrage démocratique, on considère comme importants les votes des électeurs. Or, les conservateurs ont obtenu 37% des voix lors de l’élection du 14 octobre dernier. La coalition PLC-NPD, une fois ses votes combinés, a obtenu 44% des voix. Si on ajoute à cela les votes du Bloc, on arrive à 54%. Avec l’appui du parti vert, on arrive à 60% des voix. Quand des partis représentant 60% des Canadiens s’unissent pour une cause commune, on doit reconnaître qu’ils agissent avec l’appui de la population.

Au niveau de la loi électorale, on doit se rappeler comment fonctionne, dans les faits, la démocratie au Canada. Les conservateurs affirment que les Canadiens ont voté pour un gouvernement conservateur. C’est faux. Au Canada, on ne vote pas (du point de vue légal) pour un gouvernement, ni pour un parti. On vote pour un candidat. C’est pourquoi des gens qui quittent un parti pour en rejoindre un autre, en plein milieu d’une session parlementaire, ne perdent pas leur poste. Le gouvernement est formé de gens ayant la confiance du plus grand rassemblement de députés qui se mettent d’accord pour travailler ensembles au Parlement. À la base, après l’élection du 14 octobre, les conservateurs formaient par défaut ce rassemblement. Toutefois, aujourd’hui, ce rassemblement est formé des députés appartenant au parti libéral, au NPD et au Bloc québécois. Conséquemment, c’est de ce rassemblement que devrait être issu le prochain cabinet des ministres. C’est ainsi que fonctionne la démocratie canadienne.

L’argument de la stabilité

Stephen Harper essaie de faire peur aux Canadiens en leur disant que seul son gouvernement peut être stable, parce que la coalition ne tiendra pas. Le gouvernement de M. Harper est menacé de tomber aux Communes après deux semaines en Chambre; il n’est pas stable! Si le gouvernement minoritaire conservateur continuait à gouverner, alors il serait envisageable qu’il tombe à chaque vote de confiance. Ceci inclut les votes sur le budget et le discours du trône, ainsi que toutes mises à jour économiques, qui devraient être fréquentes en cette période de crise économique. Le gouvernement Harper serait donc constamment menacé de chute.

Au contraire, la coalition PLC-NPD est appuyée par le Bloc jusqu’en juin 2010. Ceci représente la durée de vie moyenne d’un gouvernement minoritaire. En d’autres mots, la coalition PLC-NPD est assurée de survivre au moins aussi longtemps que la moyenne des gouvernements minoritaires de l’histoire canadienne. Il est aussi envisageable qu’elle survive encore plus longtemps, si les choses vont bien.

Nous avons donc, comme options, le gouvernement conservateur, qui pourrait tomber n’importe quand, ou la coalition NPD-PLC, qui est au moins assurée de gouverner pour un an et demi. La stabilité semble reposer du côté de la coalition.

Crédibilité

Enfin, les conservateurs n’ont aucune crédibilité quand ils affirment qu’il est inacceptable que l’opposition forme le gouvernement : c’est ce qu’ils souhaitaient faire eux-mêmes avec l’appui du Bloc et du NPD en 2004, avant de faire tomber le gouvernement libéral de Paul Martin. Cette nouvelle information tache l’argumentaire de Stephen Harper. Que reproche-t-il aux partis d’opposition, au juste? De faire comme lui? On ne peut en 2004 lancer une entreprise, puis affirmer en 2008 que cette entreprise est anti-démocratique et inacceptable.

En conclusion

Les arguments avancés par les conservateurs ne tiennent pas la route. La coalition est démocratique, car elle a le support de 60% du suffrage universel et de 173 députés élus aux Communes. La coalition est plus stable que le gouvernement de Stephen Harper, puisque celle-ci est assurée de survivre jusqu’à l’été 2010. Enfin, le discours des conservateurs n’a aucune crédibilité, puisqu’ils reprochent aux partis d’opposition de faire exactement ce qu’ils faisaient eux-mêmes en 2004.

Si Stephen Harper et les conservateurs étaient responsables et démocrates, ils laisseraient la Chambre exprimer son opinion quant à la confiance qu’elle a en le gouvernement, et en assumeraient les conséquences, pour le bien du pays.

jeudi 23 octobre 2008

On s'excite à l'Assemblée nationale

Les choses bougent vite à l'Assemblée nationale depuis la rentrée parlementaire. Tout d'abord, les députés se sont chicanés sur l'élection du nouveau Président de l'Assemblée. L'ADQ et le PQ ont joué un tour aux libéraux et ont fait élire un député péquiste, François Gendron, en tant que Président. Depuis, les libéraux crient au scandale. Bien qu'il soit déplorable que le tandem ADQ-PQ ait nommé M. Gendron à la dernière minute et qu'ils l'aient fait sans discuter avec le Parti libéral auparavant, il est tout à fait dans leur droit d'élire le Président de l'Assemblée Nationale.

Par ailleurs, les députés ont adopté à l'unanimité une motion de l'ADQ qui demande "un plan d'action pour contrer le ralentissement économique" qui doit "stimuler la consommation des ménages" et "préserver le pouvoir d'achat de la classe moyenne." Gilles Taillon, porte-parole de l'ADQ en matière de finances, a dit qu'il fallait réduire la TVQ sur certains produits et geler certains tarifs, dont l'hydroélectricité. Le PQ a aussi affirmé que le règlement de la crise financière était une priorité. Quant aux libéraux, ils ont affirmé qu'ils travaillaient là-dessus et que des mesures seraient mises en place la semaine prochaine, mais ils ne les ont pas détaillées.

J'aimerais à cet égard critiquer l'ADQ. La demande de Gilles Taillon de geler des tarifs est complètement contradictoire avec ce que le parti préconisait lors de la dernière campagne électorale. L'ADQ critiquait ainsi libéraux et péquistes:

"par le passé, autant les libéraux que les péquistes ont favorisé le gel des tarifs plutôt que l’ajustement graduel au rythme de l’inflation, laissant présager pour l’avenir une série de chocs tarifaires, brusques et imprévisibles pour la classe moyenne" (http://www.adq.qc.ca/index.php?id=878)

L'ADQ se prononçait carrément en opposition au gel des tarifs:

"utilisateur-payeur : une véritable politique de prix et de tarification permet une consommation plus éclairée et réduit le gaspillage des ressources et du patrimoine collectif."(http://www.adq.qc.ca/index.php?id=878)

Enfin, le programme de l'ADQ mentionnait directement l'hydro-électricité. Il critiquait les administrations précédentes :

"Saviez-vous que : Les tarifs d’Hydro-Québec ont été gelés de 1998 à 2003?" (http://www.adq.qc.ca/fileadmin/General/adq_fichiers_pdf/adq_programme_f.pdf, p. 26)

puis proposait sa propre solution:

"ÉTABLIR UNE POLITIQUE CLAIRE DE TARIFICATION. Afin
d’éviter les effets pervers des gels de tarifs des régimes
péquistes et les chocs tarifaires du régime libéral, l’ADQ
énoncera une politique claire de tarification. Afin d’éviter
toute hausse brusque et déraisonnable, l’ADQ rendra
publics et prévisibles sur une période de 5 ans les tarifs
d’électricité, les primes d’assurance automobile du Québec,
les droits de scolarité ainsi que les frais de garde subventionnée." (http://www.adq.qc.ca/fileadmin/General/adq_fichiers_pdf/adq_programme_f.pdf p. 27)

Les actions de l'ADQ à cet égard sont étranges. Elles soulèvent évidemment des questions éthiques, sur le rôle que doit jouer un parti une fois élu. Il semble que ce parti devrait défendre ce qu'il y avait dans sa propre plate-forme. Je trouve toutefois encore plus étrange que l'ADQ abandonne ce credo. Mario Dumont parvenait à se distinguer de ses adversaires par son côté plus à droite, par son côté très libéral (au sens philo-politique du terme). Il est probable que les stratèges adéquistes aient conclus que les Canadiens (incluant les Québécois) n'aimaient pas les hausses de tarifs pendant les crises financières après avoir vu la défaite historique de Stéphane Dion et du PLC le 14 octobre. Ils essaient probablement de ramer à contre-courant pour y faire des gains. Toutefois, cette "avancée" au niveau de la politique partisane se traduit par une compromission de l'argumentaire adéquiste et un recul au niveau de la démocratie (car les citoyens qui ont voté pour l'ADQ n'ont pas eu ce à quoi ils devaient s'attendre).

On peut s'attendre à une atmosphère tendue à l'Assemblée Nationale, en prévision d'un scrutin rapproché. On peut aussi s'attendre à des déclarations emportées, notamment sur la question de la crise financière, qui devrait nous occuper beaucoup dans les jours à venir.

mercredi 22 octobre 2008

Course au leadership au sein du PLC

Bonjour,

la présente a pour objet de vous faire connaître mon désir de suivre avec attention la course au leadership du parti Libéral du Canada. Je n'ai pas de lien avec ce parti : je considère donc être capable de faire une analyse critique et constructive de la course qui s'en vient, tout en demeurant neutre dans mes commentaires.

jeudi 16 octobre 2008

Élections fédérales 2008


La démocratie a comme objectif de refléter le désir des électeurs. Il en résulte une attente envers la démocratie, soit que les votes se transforment en sièges. Un des problèmes, au Canada, est le mode de scrutin majoritaire uninominal, qui transforme grandement ces résultats.

Faisons donc une petite analyse quantitatives des résultats électoraux. Il consiste ici à calculer l'étendue de la distorsion électorale lors de cette élection. Voici le tableau comparatif:



% vote
Sièges

% sièges

distorsion électorale
Cons
37,63 143,00 46,43 8,80
Libs
26,24 76,00 24,68 -1,56
Bloc
9,97 50,00 16,23 6,26
NPD
18,20 37,00 12,01 -6,19
Green
6,80 0,00 0,00 -6,80



La distorsion électorale est causée par notre mode de scrutin. Sans entrer dans les détails, ce mode de scrutin cause des situations aberrantes. Il mène en fait 308 élections simultanée dans chaque comté canadien, au lieu de considérer l'élection comme étant un phénomène national. Ceci fait que si un parti A obtenait 55% du vote dans tous les comtés et un parti B 45% du vote dans tous les comtés, le parti A aurait tous les sièges de la Chambres des Communes, alors que le parti B n,en aurait aucun, même s'il a obtenu l'appui de 45% de la population . On pourrait même imaginer un parti A à 40%, un parti B à 30% et un parti C à 30%, répartis également dans tous les comtés. Le parti A obtiendrait tous les sièges avec 40% du vote, et 60% des électeurs ne seraient pas représentés.


La distorsion électorale est donc l'inégalité qui existe entre le score réel d'un parti en terme de vote et son pourcentage de sièges obtenus. Plus haut, dans le tableau, on voit les résultats du vote, le nombre de sièges obtenus en chiffre et en pourcentage, avec, à la fin, la différence entre le pourcentage de siège et le pourcentage du vote.

Le résultat est donc le suivant: Les conservateurs ont gagné 8,80 % des sièges de la Chambre des Communes grâce au mode de scrutin, et le Bloc a gagné 6,26% de ces sièges pour la même raison. Cela revient à dire que 15,6% des sièges de la Chambre des Communes (soit 48 sièges) ont été accordé à ces deux partis non pas à cause du vote populaire, mais grâce au mode de scrutin majoritaire uninominal. Évidemment, ces sièges ont été puisés à même les sièges qui auraient dû revenir aux Verts, qui ont obtenu 6,80% moins de sièges que de vote, au NPD, qui a obtenu 6,19% moins de sièges que de vote et aux Libéraux, qui ont obtenu 1,56% moins de sièges que de votes.


Je vais par ailleurs prendre l'opportunité d'imaginer ce qu'aurait été le Parlement après l'élection si les votes se transformaient en sièges, sans qu'il n'y ait distorsion.




pourcentage du vote sièges
Cons
37,63 116
libs
26,24 81
Bloc
9,97 31
NPD
18,20 56
Green
6,80 21















Les conservateurs seraient donc toujours le gouvernement, mais ils seraient beaucoup moins forts. Par ailleurs, le Bloc aurait un rôle beaucoup plus marginal, tandis que le NPD aurait plus de poids. Le parti vert aurait 21 sièges (par opposition à aucun), ce qui serait évidemment un vif progrès. Une telle Chambre des Communes pourrait aussi envisager une alliance Libéraux-NPD-Verts, qui formeraient ainsi un gouvernement majoritaire et pourraient mener de l'avant le Canada d'un point de vue environnemental et tenir tête aux conservateurs.


Comparaison entre le Scrutin majoritaire uninominal (FPTP) et le proportionnel






Notes techniques: Les plus malins auront remarqué que j'ai évalué la distorsion électorale à partir de ceux qui profitent de la distorsion électorale. Ils auront remarqué que le total de ceux qui sont pénalisés par celle-ci n'est pas le même. C'est normal. Les chiffres officiels que l'on peut obtenir facilement montrent la totalité de ceux qui profitent de la distorsion électorale, mais pas de ceux qui sont pénalisés par celle-ci. Cela est dû, la plupart du temps, au fait que plusieurs candidats indépendants et des petits partis sont pénalisés par celle-ci. Comme les chiffres ne montrent pas le score national du parti néo-rhino, du parti communiste, des indépendants, etc., il est impossible de calculer la distorsion des "pénalisés" à partir des chiffres. Je préfère donc la calculer à partir des "avantagés".

Les plus malins auront aussi remarqué que mon calcul final donne 304 sièges dans le schéma proportionnel, et pas 308. Encore une fois, c'est que les pourcentages employés dans le calcul sont ceux des cinq principaux partis. Il en résulte un manque à gagner en ce qui concerne un petit pourcentage du vote (équivalent à 4 sièges sur 308).

mardi 19 juin 2007

Les médicaments et le secteur de la santé

Ce lundi, le journal La Presse a fait savoir à l’ensemble de la population québécoise que certains des médicaments qu’elle consomme deviendront soudainement plus coûteux. Dans cet article, le journaliste Denis Lessard rapporte que ces hausses coûteront moins de 20 millions à l’État québécois, qui offre un service d’assurance médicaments. Il ajoute que d’autres médicaments verront leurs prix « corrigés » en octobre.

Si je me permets d’attirer votre attention sur cet article, c’est que cette hausse de prix est causée par un phénomène de monopole. Elle n’est pas causée uniquement par l’inflation, tout comme elle n’est pas causée par la rudesse du marché dans lequel évolue l’industrie pharmaceutique. Celle-ci a bénéficié d’ « un taux de profit de 40% pendant la décennie 1990, soit quatre fois plus que la moyenne des six autres secteurs commerciaux et industriels les plus rentables à l’échelle de la planète.[1] » On ne peut donc pas affirmer que le prix de ces produits reflète la juste valeur des coûts de production.

On voit donc effectivement que la situation de la société québécoise est causée par une situation monopolistique. La société canadienne, qui a vu le coût de ses médicaments croître de 62,3% en 10 ans, est dans le même bateau. Elle n’est pas sans rappeler ce que nous vivons déjà avec les pétrolières et leurs hausses de coûts aussi imprévisibles qu’inexplicables. Concernant celles-ci, la population a émis le souhait que les hausses de prix soient surveillées par le gouvernement et, de plus en plus, les politiciens se soucient de cet enjeu. En ce cas, pourquoi ne font-ils pas de même dans le cas des médicaments?

Il faut se rappeler que la hausse du prix des médicaments est un danger réel pour la pérennité de notre système de santé ainsi que pour le bon équilibre du budget du Québec. Dans un contexte de vieillissement, la facture des médicaments augmentera de manière impressionnante. Durant la période allant de 1980 à 2006, le taux de croissance des coûts du système de santé a été de 6,5%. Par contre, le taux de croissance de la facture des médicaments a été de 11,8%, soit un peu moins que le double de celui de l’ensemble du secteur de la santé. [2] En projetant que la différence des taux de croissance restera stable (et il n’y a aucune raison pour estimer qu’il en ira autrement), on peut prévoir que si le plus important poste budgétaire des gouvernements provinciaux de notre pays sera la santé, ce seront les médicaments qui en consommeront les parts les plus importantes. Baliser la hausse des prix des médicaments pourrait permettre de limiter la hausse des coûts du système de santé et, par conséquent, permettre à l’État de le financer entièrement en tant que régime public.

Cette constatation permet de pousser la réflexion plus loin. Si on reconnaît que le coût des médicaments augmente grâce à une situation qui favorise indûment l’industrie pharmaceutique, ne nous incombe-t-il pas, en tant que société, de corriger le tir? De quelle manière? Par ailleurs, quels en seraient les bénéfices?

À court terme, on pourrait envisager de baliser les prix des médicaments par le biais de prix de plafond. Plusieurs ont décrié cette méthode, en indiquant que les prix de plafond sont le plus souvent employés non pas comme des limites, mais comme des balises, et que c’est à ces prix que les entreprises fixent leurs produits. À cela, il est possible de répondre que si le prix de plafond est situé non pas en tant que limite, mais en tant que prix optimal assurant un équilibre entre les profits nécessaires au bon roulement de l’industrie (sans plus) et la préservation de la santé des citoyens, il ne devrait pas y avoir de problème. L’intervention gouvernementale aura simplement rétabli l’équilibre des forces entre les citoyens et les compagnies profitant de la donne économique qui les favorise injustement.

À plus long terme, nous pourrions envisager de questionner le bien-fondé des brevets dont bénéficient sur le sol canadien les compagnies pharmaceutiques. Ce sont ceux-ci qui leur permettent d’accumuler de tels profits. L’ampleur de ces bénéfices prouve d’ailleurs que l’argument voulant que les brevets ne servent qu’à rembourser les dettes encourues lors des périodes de développement et d’études sur les médicaments est erroné. S’il était vrai, les profits ne seraient pas aussi mirobolants.

Il faut combattre la hausse importante des prix des médicaments. Ce qui est survenu récemment au Québec n’est qu’une anecdote d’un phénomène répété, comme en font foi les données révélées plus haut. Il faut tout d’abord penser au bien-être et à la sécurité des Canadiens, qui peuvent tous être un jour la proie de la maladie et qui le seront de plus en plus, alors que le vieillissement de la population fera son œuvre. De plus, limiter la hausse des coûts des médicaments pourrait jouer un rôle non négligeable dans la sauvegarde du système de santé public tel qu’on le connaît.



[1] Amir Khadir, en préface de L’envers de la pilule, de Jean-Claude St-Onge

[2] Luc Godbout, Pierre Fortin, Mathieu Arseneau et Suzie St-Cerny, Oser Choisir maintenant

vendredi 1 juin 2007

Le PQ recule!

Impossible de voir cela autrement.

Il faut tout d'abord noter que j'ai su hier que des 300 millions demandés par le PQ, 50 étaient déjà inclus dans le budget. Or, l'impasse a été réglée avec 111 millions, soit le 60 initial du PLQ + le 50 millions déjà prévu dans le budget + 1 dernier million pour la chance.

Autrement dit, le PQ n'a pas gagné grand chose depuis la dernière proposition du gouvernement, qui était de 60 millions. Pourtant, aujourd'hui il recule. Il a beau déclarer : "Nous allons voter contre", en empêchant la plupart des députés de venir, il laissera le budget passer. Ce qui revient à l'appuyer.

Il est étrange qu'en ayant les moyens de négocier le budget ou encore de faire tomber le gouvernement, ce qui aurait permis, à moyen terme, un nouveau budget, plus près des aspirations péquistes (puisque ni l'ADQ ni le PQ n'auraient gaspillé des centaines de millions en baisses d'impôt), le PQ abandonne. Il s'agit d'une question de calcul politique. Il préfère attendre le retour de Mme Marois et l'augmentation de ses finances pour partir en élections. D'un point de vue partisan, c'est une sage idée. Du point de vue des convictions, il s'agit d'une entente qui usurpe les convictions alléguées du PQ.

J'aimerais noter, toutefois, que le parlement minoritaire a survécu. Plusieurs, dont l'ancienne ministre Liza Frulla, martèle sur toutes les tribunes que les parlements minoritaires sont instables et, par conséquent, que les modes de scrutin favorisant de tels parlement sont à proscrire. J'ose ainsi m'opposer à eux. il est vrai que, par définition, un parlement minoritaire est plus instable qu'un parlement majoritaire. Par contre, il permet (et demande) du compromis et plus de souplesse de la part de ses acteurs. Comme il lui fait au moins l'appui de deux partis pour fonctionner, ses actions sont conformes à une plus grande part des désirs des électeurs. Ce qui peut causer la défaite d'un parlement minoritaire,au fond, ce n'est pas le fait qu'il soit minoritaire en tant que tel, mais bien l'intransigeance des acteurs qui le peuplent.

J'aimerais aussi souligner, dans un esprit très partisan, qu'un compromis budgétaire est survenu dans l'histoire récente du Canada. Il s'agit de celui échangé entre le PLC et le NPD, en 2004. À cette période, le NPD est allé chercher 4 milliards, ce qui représente environ 1 milliard à l'échelle du budget québécois. À ce niveau, le NPD a prouvé que les parlements minoritaires pouvaient être efficaces et rejoindre une plus grande part de la population, tandis que le tandem PLQ-PQ a été trop intransigeant et a demandé des changements trop modestes au budget pour qu'ils soient significatifs.