jeudi 4 décembre 2008

Réfutation des arguments conservateurs

Réfutation des arguments conservateurs

Je voudrais prendre un peu de temps, aujourd’hui, pour réfuter les arguments que les conservateurs avancent par rapport à la formation de la coalition. Alors, sans plus tarder :

L’argument démocratique

Les conservateurs ont avancé l’argument démocratique pour affirmer que leur gouvernement est légitime et que la coalition, elle, ne l’est pas. Avant de répondre à cet argument, il faut tout d’abord considérer que le débat peut se jouer sur deux scènes. L’une de ces scènes est la scène du suffrage démocratique, tandis que l’autre scène est celle de la loi électorale.

Au niveau du suffrage démocratique, on considère comme importants les votes des électeurs. Or, les conservateurs ont obtenu 37% des voix lors de l’élection du 14 octobre dernier. La coalition PLC-NPD, une fois ses votes combinés, a obtenu 44% des voix. Si on ajoute à cela les votes du Bloc, on arrive à 54%. Avec l’appui du parti vert, on arrive à 60% des voix. Quand des partis représentant 60% des Canadiens s’unissent pour une cause commune, on doit reconnaître qu’ils agissent avec l’appui de la population.

Au niveau de la loi électorale, on doit se rappeler comment fonctionne, dans les faits, la démocratie au Canada. Les conservateurs affirment que les Canadiens ont voté pour un gouvernement conservateur. C’est faux. Au Canada, on ne vote pas (du point de vue légal) pour un gouvernement, ni pour un parti. On vote pour un candidat. C’est pourquoi des gens qui quittent un parti pour en rejoindre un autre, en plein milieu d’une session parlementaire, ne perdent pas leur poste. Le gouvernement est formé de gens ayant la confiance du plus grand rassemblement de députés qui se mettent d’accord pour travailler ensembles au Parlement. À la base, après l’élection du 14 octobre, les conservateurs formaient par défaut ce rassemblement. Toutefois, aujourd’hui, ce rassemblement est formé des députés appartenant au parti libéral, au NPD et au Bloc québécois. Conséquemment, c’est de ce rassemblement que devrait être issu le prochain cabinet des ministres. C’est ainsi que fonctionne la démocratie canadienne.

L’argument de la stabilité

Stephen Harper essaie de faire peur aux Canadiens en leur disant que seul son gouvernement peut être stable, parce que la coalition ne tiendra pas. Le gouvernement de M. Harper est menacé de tomber aux Communes après deux semaines en Chambre; il n’est pas stable! Si le gouvernement minoritaire conservateur continuait à gouverner, alors il serait envisageable qu’il tombe à chaque vote de confiance. Ceci inclut les votes sur le budget et le discours du trône, ainsi que toutes mises à jour économiques, qui devraient être fréquentes en cette période de crise économique. Le gouvernement Harper serait donc constamment menacé de chute.

Au contraire, la coalition PLC-NPD est appuyée par le Bloc jusqu’en juin 2010. Ceci représente la durée de vie moyenne d’un gouvernement minoritaire. En d’autres mots, la coalition PLC-NPD est assurée de survivre au moins aussi longtemps que la moyenne des gouvernements minoritaires de l’histoire canadienne. Il est aussi envisageable qu’elle survive encore plus longtemps, si les choses vont bien.

Nous avons donc, comme options, le gouvernement conservateur, qui pourrait tomber n’importe quand, ou la coalition NPD-PLC, qui est au moins assurée de gouverner pour un an et demi. La stabilité semble reposer du côté de la coalition.

Crédibilité

Enfin, les conservateurs n’ont aucune crédibilité quand ils affirment qu’il est inacceptable que l’opposition forme le gouvernement : c’est ce qu’ils souhaitaient faire eux-mêmes avec l’appui du Bloc et du NPD en 2004, avant de faire tomber le gouvernement libéral de Paul Martin. Cette nouvelle information tache l’argumentaire de Stephen Harper. Que reproche-t-il aux partis d’opposition, au juste? De faire comme lui? On ne peut en 2004 lancer une entreprise, puis affirmer en 2008 que cette entreprise est anti-démocratique et inacceptable.

En conclusion

Les arguments avancés par les conservateurs ne tiennent pas la route. La coalition est démocratique, car elle a le support de 60% du suffrage universel et de 173 députés élus aux Communes. La coalition est plus stable que le gouvernement de Stephen Harper, puisque celle-ci est assurée de survivre jusqu’à l’été 2010. Enfin, le discours des conservateurs n’a aucune crédibilité, puisqu’ils reprochent aux partis d’opposition de faire exactement ce qu’ils faisaient eux-mêmes en 2004.

Si Stephen Harper et les conservateurs étaient responsables et démocrates, ils laisseraient la Chambre exprimer son opinion quant à la confiance qu’elle a en le gouvernement, et en assumeraient les conséquences, pour le bien du pays.

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