Les points de presse se multiplient alors que l'ADQ disparaît dans le flou. On a cru voir, pendant quelques jours, une accalmie se profiler, tandis que mme Jérôme-Forget et M. Gendron négociaient au sujet du budget. Aujourd'hui, par contre, les deux parties ont chiffré publiquement leurs demandes. Le PLQ offre 60 millions, tandis que le PQ demande 300 millions. Par ailleurs, le PQ demande que cela soit fait sans couper dans les services et sans augmenter l'imposition des contribuables, tandis que le PLQ refuse d'effacer ses fameuses baisses d'impôt.
C'est un cadre assez difficile à satisfaire pour que les deux partis puissent provoquer des élections sans avoir à en porter le blâme. D'ailleurs, le fait que les demandes soient devenues publiques sentent l'élection à plein nez. En effet, habituellement, les négociations ont lieu à huis clos, ce qui permet de ne pas perdre la face en reculant devant l'électorat, si cela devient nécessaire.
Malgré tout, il est possible pour les libéraux de répondre aux besoins des péquises sans toucher à leurs fameuses baisses d'impôts. Les libéraux sont déjà capables d'offrir 60 millions aux péquistes. Ensuite, les libéraux mettent 200 millions dans le fonds des générations, alors que le poids relatif de la dette par rapport à l'économie québécoise diminue. Cette somme pourrait aussi être allouée aux demandes du PQ. Nous voici à 260 millions.
Par la suite, une lecture très rapide du budget (disponible à :http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2007-2008a/fr/documents/pdf/PlanBudgetaire.pdf) nous apprend que le gouvernement perdra 76 millions en abolissant la taxe sur le capital de manière instantanée pour les entreprises manufacturières, agricoles ou du secteur des pêcheries. Il suffirait de retirer cette mesure (ou de la mettre sur la glace pour l'année 2007-2008 et l'appliquer plus tard) pour assurer les revenus permettant le financement des programmes demandés par le PQ.
Une autre option dépend du sens que l'on donne au mot "services". Il est évident que la santée t l'éducation sont des services. Mais le maintien et l'édification de nouvelles infrastructures en sont-ils? Si le PQ accepte de ne pas les considérer comme des services, alors la somme 8,1 milliards (6,4 en infrastructures, 1,7 dans le réseau routier) mise par le PLQ dans ces secteurs pourraient être réduites d'un petit 40 millions, afin de contenter le PQ. Il faut dire que le gouvernement a choisi de faire un plan en cinq ans valant 30 milliards pour le maintien et la création d'infrastructures. De son propre aveu, le budget dit : "Pour la première année de ce plan, soit 2007-2008, les investissements totaux du
gouvernement en infrastructures s’élèveront à un niveau record de 6,4 milliards
de dollars, soit 30,5 % de plus qu’en 2006-2007" Une augmentation de 30,5%, c'est pas un peu énorme? D'autant plus que le plan sur 5 ans, valant 30 milliards, demande donc un investissement annuel de 6 milliards de dollars en moyenne. Cela signifie donc que le gouvernement fait surenchère de 400 millions de dollars. Cela n'est pas mal en soi. Par contre, dans le contexte, on comprend qu'il pourrait se permettre d'aller chercher cette somme sans même mettre en péril son plan d'investissement dans les infrastructures.
Quant au 1,7 milliards dévolu au réseau routier, on apprend dans le budget qu'il comprend 1,2 milliards servant à "la conservation et l’amélioration du
réseau routier et de ses structures." Rien ne signale à quoi sert le 500 millions restant. Peut-être pourrait-on aussi y piger un petit 40 millions, non?
Donc, je crois avoir mis à jour certaines des voies permettant un règlement entre le PQ et le PLQ. Si les parties ne s'entendent pas, c'est donc préfèrent aller en élections que s'entendre. Après tout, le PQ est quasiment assuré de battre au moins le parti libéral, ce qui lui permettrait d'augmenter son budget en devant l'opposition officielle ou de former le gouvernement. Le Parti libéral serait désavantagé par une élection, mais Jean Charest se délivrerait de sa position malhabile et cela permettrait au PLQ de se choisir un nouveau chef.
mercredi 30 mai 2007
dimanche 27 mai 2007
Instabilité politique au Québec
J'aimerais commencer ce blogue en commentant l'actuelle instabilité politique au Québec. Au contraire de plusieurs commentateurs médiatiques, je me refuse à parler de crise politique. Je m'y refuse, car une crise politique dénote un irrespect des institutions, une révolution, une tentative d'usurper ou de remplacer le pouvoir.
Or, ce n'est pas ce qui se produit actuellement. En ce moment, au contraire, les règles institutionnelles sont plus que jamais respectées. Il y aurait crise politique si le gouvernement Charest, malgré sa position minoritaire, ne craignait pas son propre renversement. Cela serait une véritable crise, car cela irait à l'encontre des règles de nos institutions.
Cela étant dit, il est difficile de comprendre ce qui se passe dans la tête des acteurs. Il est tout à fait normal que l'ADQ de Mario Dumont s'oppose à ce budget. Après tout, les points forts de l'ADQ sont la famille et le remboursement de la dette. Pourtant, il n'y a aucune mesure spécifique à la famille dans le budget et on augmente la dette québécoise, en chiffres absolus. Il faut tout de même mentionner qu'elle est réduite par rapport au PIB québécois. Malgré tout, ces deux points vont à l'encontre de la plate-forme sur laquelle se sont fait élire les députés de l'ADQ et il n'est que cohérent pour eux de s'opposer au budget. Je voudrais d'ailleurs rétorquer aux médias qui disent qu'il est contradictoire qu'un parti de droite comme l'ADQ s'oppose aux baisses d'impôts que l'ADQ a pris comme engagement, dans sa plate-forme électorale que "Suivant un véritable équilibre budgétaire, le tiers de la marge de manoeuvre pourra être appliqué à diminuer les impôts." Or, il n'y a pas d'équilibre budgétaire, donc l'ADQ ne souhaite pas diminuer les impôts.
On peut par contre ajouter que le gouvernement va se poser des questions sur les normes comptables, l'ouverture de la santé au secteur privé et va abolir la taxe sur le capital. Ce sont tous des éléments envers lesquels l'ADQ se disait favorable. Cela est vrai et on doit le reconnaître. Toutefois, ce ne sont pas les chevaux de bataille de l'ADQ. Ce ne sont pas ses priorités. Le leitmotiv de l'ADQ, c'est la dette et la famille. Dans ses premiers jours, l'ADQ avait sur son site web un compteur indiquant l'agrandissement de la dette en temps réel, tant celle-ci était prioritaire pour le parti. Donc, oui, il y a dans ce budget des mesures qui s'allient avec le programme adéquiste. Toutefois, les priorités de celui-ci sont éclipsés, voire même contrées par ce budget.
Ce sont les deux autres joueurs, le PQ et le PLQ, qui sont difficiles à cerner. Le PQ a raison, d'un point de vue idéologique, de s'opposer au budget. En effet, les demandes du PQ non plus ne sont pas couvertes par le budget. Il n'y a pas plus d'argent en éducation (malgré ce que dit M. Charest). À l'exception de l'abolition de la taxe sur le capital, il n'y a pas de mesure dans ce budget qui plaise au PQ. Le PQ s'oppose donc au budget. Le gouvernement n'aurait probablement qu'à amender son budget de moins de 1 milliard (donc moins de 2% du budget) pour obtenir l'appui de 28% des députés de l'Assemblée. Effectivement, il pourrait ainsi respecter les demandes du PQ concernant l'éducation. Cela aurait l'avantage de résoudre le problème d'instabilité politique actuelle. Le gouvernement pourrait prendre l'argent déposé dans le fonds des générations et le mettre en éducation à la place. Comme la dette diminue par rapport au PIB, cela n'est pas un grave problème.
Si on en arrive à dire qu'il serait relativement aisé de régler le probème, il faut donc conclure que les acteurs impliqués ne veulent pas le régler. La question de l'ADQ étant déjà réglée, il faut se demander en quoi le PQ et le PLQ peuvent profiter d'une chute du gouvernement. Le PQ jubilerait donc d'avoir Mme Marois à ses côtés pour une élection estivale. Malgré tout, je trouve cette action prématurée. Il vaudrait mieux pour le PQ panser ses blessures et penser son programme avant de se lancer dans une élection. Avant tout, les finances péquistes vont mal, d'après Mme Richard, présidente dudit parti. Quant aux libéraux, il semble que Jean Charest soit contesté au sein du parti. C'est peut-être là le problème. Peut-être que Jean Charest sait pertinemment que s'il laisse les péquistes se préparer à long terme, il n'aura aucune chance contre Madame Marois. Il a d'ailleurs probablement raison, si on en croit les sondages. Il préfère donc foncer tout de suite et espérer gagner un gouvernement majoritaire ou tomber dans l'opposition (probablement pour aller ensuite relever de nouveaux défis) plutôt que d'attendre d'être défait en chambre par l'ADQ et le PQ au moment auquel cela leur conviendra le plus.
C'est probablement ce qui causera une élection le plus tôt possible au Québec.
Éléments du budget
Or, ce n'est pas ce qui se produit actuellement. En ce moment, au contraire, les règles institutionnelles sont plus que jamais respectées. Il y aurait crise politique si le gouvernement Charest, malgré sa position minoritaire, ne craignait pas son propre renversement. Cela serait une véritable crise, car cela irait à l'encontre des règles de nos institutions.
Cela étant dit, il est difficile de comprendre ce qui se passe dans la tête des acteurs. Il est tout à fait normal que l'ADQ de Mario Dumont s'oppose à ce budget. Après tout, les points forts de l'ADQ sont la famille et le remboursement de la dette. Pourtant, il n'y a aucune mesure spécifique à la famille dans le budget et on augmente la dette québécoise, en chiffres absolus. Il faut tout de même mentionner qu'elle est réduite par rapport au PIB québécois. Malgré tout, ces deux points vont à l'encontre de la plate-forme sur laquelle se sont fait élire les députés de l'ADQ et il n'est que cohérent pour eux de s'opposer au budget. Je voudrais d'ailleurs rétorquer aux médias qui disent qu'il est contradictoire qu'un parti de droite comme l'ADQ s'oppose aux baisses d'impôts que l'ADQ a pris comme engagement, dans sa plate-forme électorale que "Suivant un véritable équilibre budgétaire, le tiers de la marge de manoeuvre pourra être appliqué à diminuer les impôts." Or, il n'y a pas d'équilibre budgétaire, donc l'ADQ ne souhaite pas diminuer les impôts.
On peut par contre ajouter que le gouvernement va se poser des questions sur les normes comptables, l'ouverture de la santé au secteur privé et va abolir la taxe sur le capital. Ce sont tous des éléments envers lesquels l'ADQ se disait favorable. Cela est vrai et on doit le reconnaître. Toutefois, ce ne sont pas les chevaux de bataille de l'ADQ. Ce ne sont pas ses priorités. Le leitmotiv de l'ADQ, c'est la dette et la famille. Dans ses premiers jours, l'ADQ avait sur son site web un compteur indiquant l'agrandissement de la dette en temps réel, tant celle-ci était prioritaire pour le parti. Donc, oui, il y a dans ce budget des mesures qui s'allient avec le programme adéquiste. Toutefois, les priorités de celui-ci sont éclipsés, voire même contrées par ce budget.
Ce sont les deux autres joueurs, le PQ et le PLQ, qui sont difficiles à cerner. Le PQ a raison, d'un point de vue idéologique, de s'opposer au budget. En effet, les demandes du PQ non plus ne sont pas couvertes par le budget. Il n'y a pas plus d'argent en éducation (malgré ce que dit M. Charest). À l'exception de l'abolition de la taxe sur le capital, il n'y a pas de mesure dans ce budget qui plaise au PQ. Le PQ s'oppose donc au budget. Le gouvernement n'aurait probablement qu'à amender son budget de moins de 1 milliard (donc moins de 2% du budget) pour obtenir l'appui de 28% des députés de l'Assemblée. Effectivement, il pourrait ainsi respecter les demandes du PQ concernant l'éducation. Cela aurait l'avantage de résoudre le problème d'instabilité politique actuelle. Le gouvernement pourrait prendre l'argent déposé dans le fonds des générations et le mettre en éducation à la place. Comme la dette diminue par rapport au PIB, cela n'est pas un grave problème.
Si on en arrive à dire qu'il serait relativement aisé de régler le probème, il faut donc conclure que les acteurs impliqués ne veulent pas le régler. La question de l'ADQ étant déjà réglée, il faut se demander en quoi le PQ et le PLQ peuvent profiter d'une chute du gouvernement. Le PQ jubilerait donc d'avoir Mme Marois à ses côtés pour une élection estivale. Malgré tout, je trouve cette action prématurée. Il vaudrait mieux pour le PQ panser ses blessures et penser son programme avant de se lancer dans une élection. Avant tout, les finances péquistes vont mal, d'après Mme Richard, présidente dudit parti. Quant aux libéraux, il semble que Jean Charest soit contesté au sein du parti. C'est peut-être là le problème. Peut-être que Jean Charest sait pertinemment que s'il laisse les péquistes se préparer à long terme, il n'aura aucune chance contre Madame Marois. Il a d'ailleurs probablement raison, si on en croit les sondages. Il préfère donc foncer tout de suite et espérer gagner un gouvernement majoritaire ou tomber dans l'opposition (probablement pour aller ensuite relever de nouveaux défis) plutôt que d'attendre d'être défait en chambre par l'ADQ et le PQ au moment auquel cela leur conviendra le plus.
C'est probablement ce qui causera une élection le plus tôt possible au Québec.
Éléments du budget
- Discussions avec le vérificateur général sur l'Adoption de nouvelles normes comptables (ADQ)
- Réinvestissement en éducation (Statu quo depuis le budget Audet)
- Réinvestissement en santé
- Baisses d'impots
- Privatisation des actifs gouvernementaux
- Abolition de la taxe sur le capital (ADQ-PQ)
- Injection de nouveaux fonds dans le fonds des générations
- Ouverture au privé en santé (ADQ)
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